Pierre Georges Demeyer est celui qui est à l'origine de la famille de France. Il est le fils de Louis Pierre Demeyer et d'Elvire Delaunoy sa deuxième femme. Il est né le 16 juillet 1887 à Antoing.
Une idylle romantique
Amoureux à 23 ans d'une jolie jeune fille de 19 ans, il a voulu l'épouser surtout qu'elle était enceinte. Emma était la dernière fille d'une famille honorable d'Antoing, les Van Meerhaeghe.
Mais le patriarche de 68 ans s'y est opposé. Pas question de se marier avec la fille d'un sabotier même honorable. Louis est devenu un notable fortuné du Tournaisis. Il avait d'autres ambitions pour son fils. Sabotier ? En fait, François Van Meerhaeghe avait un atelier de sabots hérité de son père. Ou bien alors, Louis avait-il entendu parler du caractère fantasque et... un peu dérangé d'Emma. Bref, c'était non.
Par honneur et par amour, Pierre emmena sa dulcinée en Angleterre et ils se marièrent à Douvres le 19 octobre 1910. Il décida de régulariser sa situation en revenant à Antoing (voir carnet de mariage plus bas). Mais son père, ulcéré par cette désobéissance lui demanda de partir, lui et sa femme enceinte loin de ses yeux. Et il le déshérita au profit de Charles.
La sanction du papa
Partir de Belgique avec sa femme enceinte. C'est ainsi que Pierre et Emma se retrouvèrent en France, non loin d'Antoing, dans le Nord. A-t-il fait des études ? Comment gagnait-il sa vie ? Je n'ai pas d'information sur cette période certainement difficile. Puis, le 11 juillet 1911 arriva le bébé, une petite fille nommée Solange Emma née à Anzin dans la banlieue de Valenciennes. Un an plus tard arriva Pierre né le 8 juillet 1912. Puis l'année suivante, ce fut le tour de Georges né le 9 octobre 1913. Petit répit: Roger, mon père, arriva le 3 septembre 1915 mais à Limoges. Ils avaient préféré fuir les boches et la guerre. Pourquoi Limoges? Probablement qu'ils y avaient des amis.
Comment se débrouillèrent-ils à Limoges pendant la guerre de 14-18 avec toute cette marmaille? Mystère. Toujours est-il que son fils Pierre s'installa plus tard dans cette ville et y fonda sa famille.
Paillettes et champagne
Après la guerre, il fallait reconstruire. Pierre se réinstalla à Valenciennes. Il avait 32 ans. Son père qui était autoritaire mais pragmatique lui a proposé de se lancer dans le négoce des matériaux de construction, ciments, granulats, etc. C'était aussi un beau débouché pour ses carrières et cimenteries de Gaurain.
Pierre fit fortune avec ce commerce et roulait carrosse à cause de sa femme qui lui faisait dépenser des sommes hallucinantes. La fille du sabotier voulait éblouir tout le monde. Ainsi, il occupèrent un grand hôtel particulier à Valenciennes. Mon père m'a dit qu'il y avait plus de vingt pièces. Par exemple, Solange avait une belle chambre avec un grand boudoir où elle pouvait recevoir ses amies. J'ai chez moi deux fauteuils corbeille qui étaient à l'époque recouvert d'un riche tissu de soie vieux rose brodé de fleurs qui vient de ce petit salon (voir photo en bas). J'ai aussi l'un des deux vases de Sèvre qui ornaient la cheminée du salon de réception.
Sur la photo, on voit Solange au piano dans la pièce de musique de cet hôtel.
En 1931, son fils Roger a voulu conduire la luxueuse voiture américaine du papa (une Packard) et se retrouva dans un fossé. A l'époque, il n'y avait ni direction assistée ni freins puissants sur ces lourdes voitures. Il avait 16 ans.
Bref, la famille faisaient partie des bourgeois notables de Valenciennes, avait une vie sociale et Pierre faisait même partie du Rotary Club.
Fin de partie
Mais tout a une fin. Les ventes baissèrent, puis la guerre de 39-45 fini d'achever l'entreprise de Pierre. Il déposa son bilan et se retrouva presque sans argent tant sa femme avait dilapidé. Il s'installèrent dans un appartement place d'Armes à Valenciennes.
Pierre rentra chez lui le soir du 14 janvier 1948 et on le retrouva baignant dans son sang sur le trottoir gravement blessé à la tête. Il a certainement été attaqué par un voleur qui lui a porté un coup fatal. Il a été transporté à l'hôpital de Saint-André-lez-Lille. Là, un de ses amis chirurgien a voulu l'opérer mais ce fut un échec. Pierre était toujours de nationalité belge.
Sa veuve avait 57 ans. Elle resta à Valenciennes et y vécu longtemps jusqu'à son départ à Caen près de son fils Georges.
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Emma et Pierre habitaient au 2e étage de cet immeuble d'angle Place d'Armes
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Les deux fauteuils corbeille du boudoir de Solange chez moi (refaits à neuf)
Le carnet de mariage avec transcription du mariage de Douvres (Kent)