Dernières modifications

Dernières mises à jour

- Un article sur Philippe Demeyer a été ajouté le 28 février 3168
- J'ai publié un résumé de ma vie, prélude à deux livres (7 mars)
- Nombreux ajouts de photos et d'informations à Ma vie (11 mars)
- Petits boulots rajouté (13 mars)

1915 - Roger, Jeanne, mon frère et moi

Dernier fils de Pierre et Emma, Roger mon père était certainement le préféré chouchouté par sa mère. Très jeune, il avait eu une double mastoïdite, aboutissement très douloureux d'otites mal soignées, et sa mère lui passait tout. Cet enfant gâté est devenu un adulte gâté. Ma grand mère disait de lui "Tu comprends, c'est un artiste". En réalité, ce terme cachait une vie dissolue où sa famille n'était pas la première de ses préoccupations. 

(Étrange et unique photo du mariage en septembre 1942. Tout le monde était prêt sauf les mariés à gauche)

Roger et Jeanne, M. Tabouis avec Emma. Devant: les petites Christiane et Régine,
Derrière: Pierre-Georges Demeyer et Mme Nouaille (une amie de Limoge),
A droite: Solange et Monsieur X, Marcelle et son père




Né pendant la 1ère guerre en septembre 1915 à Limoges, Roger s'est marié à 28 ans pendant la 2e guerre à Isle près de Limoge en 1942. Ma mère, Jeanne Hauterive, m'a dit qu'ils sont restés fiancés pendant sept ans car elle a beaucoup hésité avant d'accepter ce mariage. Le caractère erratique et fantasque de mon père l'inquiétait. Elle avait raison.
 

L'éternel étudiant en architecture

 
Pendant longtemps, j'ai connu mon père allant à l'école des Beaux Arts. Il travaillait en parallèle dans diverses agences d'architecture pour gagner sa vie et il n’avançait pas vers son diplôme qu'il n'a jamais eu. Finalement, plus tard, il arrivait à décrocher des petits projets qu'il dessinait et qu'il faisait signer par un copain DPLG.  Il a aussi travaillé en Suisse et nous habitions à Thonon-les-Bains où mon frère Bruno est né en 1947.

La vie de patachon d'un dilettante

 
Le petit garçon gâté par Emma a eu besoin, devenu adulte, de se trouver des amis devant qui il pouvait briller en racontant tout et n'importe quoi. Ainsi, de plus en plus il fréquenta les bistrots où il s'était constitué une cour de pique-assiette qu'il entretenait au détriment de sa famille. 
 
Je me souviens d'un Noël qu'il a passé dehors à faire bombance avec ces amis inconnus alors que nous n'avions que des œufs et des pâtes à manger, plus un gâteau fait par notre mère exaspérée. Exaspérée car son mari avait donné l'argent qui restait à un de ses courtisans qui (disait-il) n'avait pas les moyens d'offrir des cadeaux à ses enfants. 

Nous habitions un bel appartement de cinq pièces boulevard Malesherbes dans le chic 17e arrondissement. Nous étions constamment en retard pour les loyers. Et en retard pour tout d'ailleurs. Je devenais tétanisé quand je devais répondre au téléphone. Il fallait de plus en plus souvent que j'écoute les menaces d'huissiers ou de gens à qui mon père avait emprunté de l'argent. 

(Photo: Roger et Jeanne vers 1964. Ma mère a toujours fait plus jeune que son âge. Elle est née en 1906 à Moulins. Elle avait 9 ans de plus que mon père. Ici, elle a environ 59 ans.)
 

Bruno, le chouchou taquin

 
Je suis né à Paris en février 1945 sous le régime de l'après-guerre et des tickets de rationnement. Et aussi de l'horrible huile de foie de morue qu'on faisait ingurgiter à tous les enfants pour leur bien... 
 
Bruno et un pansement.
Moi et un strabisme (soigné heureusement).

Mon frère Bruno est né en février 1947. Il était aventurier, prêt à tout essayer et s'est souvent fait mal ou brisé des os dans son enfance. Il était surnommé "Benoît Brisefer" par ma mère. Une fois, tout môme, il avait monté une chaise sur le coffre à jouet et il a essayé de grimper sur la chaise. Bien sûr, le tout s'est effondré dans un grand fracas et il hurlait par terre. Moi, je lisais un livre sur mon lit (j'ai beaucoup lu étant enfant et adolescent). Mon père surgit dans la chambre, il vit Bruno par terre, se précipita vers moi, et, sans se renseigner, me flanqua une sacrée fessée. J'ai souvent eu ce sentiment d'injustice car mon frère a pris ensuite un malin plaisir à me taquiner ou à me faire punir.
(Photo: Bruno avec un pansement. Et moi avec mon léger strabisme qui me complexait. Il a été corrigé ensuite)
 

Patrick le timide renfermé

 

Patrick à New York le 11 septembre 2015 - 70 ans
J'en voulais inconsciemment à mon père de nous négliger, j'en voulais à ma mère de tout passer à mon frère, j'en voulais à mon frère pour son comportement,  j'en voulais à l'école où mon extrême timidité me laissait en dehors des groupes d'amis. Mon frère était brillant à l'école et moi je peinais. Au Lycée Carnot, j'étais à la limite asocial. 
 
Je me réfugiais dans la lecture et dans la musique, dans la technologie de la haute-fidélité stéréo débutante et dans la photo et l'image, ce qui détermina mon futur métier. Après être rentré aux Beaux-arts en architecture (oui moi aussi), je me suis spécialisé dans la communication audio-visuelle en architecture, urbanisme, environnement, inaugurant en 1972 un métier tout nouveau qu'on appela plus tard "la communication institutionnelle". J'ai appelé cette vocation "le complexe de Démosthène". J'ai vaincu seul ma timidité et mes complexes et j'ai sublimé mes problèmes en faisant de la communication ma vocation. Combien de psychanalyste n'ont-ils pas réglé leurs propres problèmes avant de se décider pour leur métier? 
 
À la retraite, après une vie de travail acharné, j'ai enfin pu voyager et j'ai fait pratiquement le tour du monde (43 pays en tout). Je me suis constitué un patrimoine confortable et je me suis installé en 2010 à la Rochelle une ville que j'ai toujours beaucoup aimé.

La charnière de mai 68


L'atelier des affiches aux Beaux Arts
Avec Mai 68, révolution à laquelle j'ai participé aux Beaux-Arts, l'ambiance était devenue délétère à la maison. 
 
Nos opinions étaient très différentes entre mon père très à droite et moi-même. Pour éviter toute discussion, j'ai acheté une vieille télévision d'occasion aux puces et je l'ai imposée à la maison car mon père n'en voulait pas. Bien sûr, on regarda les informations pendant que l'on mangeait, ce qui coupait court à toute discussion. Lors d'une violente dispute où j'ai pris la défense de ma mère, mon père me dit "Patrick si ça ne te plaît pas tu prends la porte". Ce que je fis dans la semaine qui suivi. 
 
J'ai eu la chance de trouver un studio dans le quartier latin près de l'école des Beaux-Arts et du travail comme pompiste de nuit le week-end et pion de cantine puis dessinateur chez des architectes. J'ai appris à prendre des initiatives, à me débrouiller seul et j'ai monté plusieurs sociétés de communication qui ont bien fonctionné. Je devins également enseignant "de plein exercice" en Communication et Technique des médias à l’École Nationale des Ponts et Chaussées pendant six ans. J'ai monté le Service audiovisuel de l'ENPC.
 
En 1974, j'ai rencontré Béatrice Gillet avec qui j'ai fait Jérôme mon fils unique né en 1976. Nous nous sommes séparés en 1978 pour incompatibilité d'humeur. Elle habitait à Chateaubriand en Bretagne après s'être mariée avec l'employé d'un Club Med, et c'est mon père qui allait chercher mon fils et qui le ramenait à Paris, puis qui le ramenait chez sa mère. Vingt heures de train et de métro par week-end deux fois par mois...  Elle m'a confié Jérôme à temps plein à ses dix ans après son divorce.
 

Le destin des uns et des autres

 
(Notre immeuble au 147 Bd Malesherbes à droite à l'angle de la rue Viette. En face, c'est le Lycée Carnot où je fis mes études)
Roger
Ce qui devait arriver arriva. Après une saisie mobilière, mon père sans le sou décida de partir à la cloche de bois de notre bel appartement vers 1974 (photo). Il y vivait seul, tout le monde étant parti vivre ailleurs. Mon père trouva à loger à droite à gauche et se débrouillait je ne sais comment. Nous sommes restés brouillé très longtemps. 

Vers la fin de sa vie, il travailla sur un immeuble rue Brézin à Paris. Il reçu en rémunération une grande pièce en demi-sous-sol avec une courette qu'il n'aménagea jamais complètement. De toutes manières, le fisc et la sécurité sociale qu'il n'a pratiquement jamais payé ont réussi à le retrouver et saisi ce bien. Il se retrouva à la rue. J'ai réussi à lui trouver une résidence du 3e âge près de chez moi et obtenu des aides sociales suffisantes pour tout payer. Il décéda d'une crise cardiaque en 1988 à 73 ans. C'est jeune... c'est à cause de sa vie de patachon m'a dit ma mère. 
 
Aujourd'hui, j'en veux beaucoup à ma grand-mère Emma pour les dégâts psychologiques qu'elle a provoqué dans une bonne partie de sa descendance.
 
Jeanne
Ma mère trouva par des amis un emploi de dame de compagnie auprès d'une vieille femme malade et elle était logée sur place. Ce fut vers 1971 la concrétisation de sa séparation d'avec mon père. Auparavant, elle faisait de la couture chez elle et a pu amasser un petit pécule. Elle a dit à mon père, "Tu finiras sous les ponts mais pas moi". Ses économies l'ont bien aidée pour finir sa vie dans une bonne maison de retraite à Rueil-Malmaison. Les Cantous Emilie de Rodat étaient (et sont toujours) spécialisés pour les personnes atteintes d'Alzheimer. Elle est décédée en 1995 à 89 ans et a rejoint mon père au cimetière paysager du Mont-Valérien.


Bruno

Mon frère n'a jamais coupé le cordon ombilical. Il n'a pas eu la chance comme moi d'être mis à la porte et d'avoir à se débrouiller dans la vraie vie. Lui si punchy et brillant, est devenu une chiffe molle avec un discours pseudo révolutionnaire. Lutter contre la société était pour lui le prétexte parfait pour ne rien faire. Il m'a dit: "La société n'existe que pour être sucée jusqu'à la moelle". C'est ce qu'il fit. 
 
Béatrice et Virgil en juin 2016  
Il vécu comme un coucou chez ma mère, puis chez moi, puis chez mon père. Puis il s'est fait entretenir par des copines diverses parfois dans des squats improbables et des communautés de hippies avachis qui refaisaient le monde avec leurs lèvres. Il s'est stabilisé et a finit sa vie à Trouville avec Béatrice Méré qui lui donna un fils, Virgil (né en 1989). 
 
Bruno mourut en 2001 (54 ans) à cause de la maladie de Charcot qui l'a entièrement paralysé à petit feu. Il se laissa porter (et supporté) jusqu'au bout par Béatrice, une compagne admirable de patience et d'abnégation.
 

Bruno à Trouville quelques semaines avant sa mort


Une autre photo du mariage de mes parents pendant la guerre



Les descendants de 5e et 6e générations

 
Jérôme mon fils unique, Léonard le premier
de mes trois petits-enfants et moi. Photo juin 2013


 
Virgil, le fils unique de Bruno avec sa cousine Diane (Méré). 
Il venait de couper ses éternels cheveux longs - Photo en 2020 (31 ans)
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire